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Le capital social, quel montant apporter à la création d'une société agricole ?

Le capital social, quel montant apporter à la création d'une société agricole ?

Créer une société agricole nécessite plusieurs choix essentiels. Parmi eux, déterminer le montant du capital social est une étape clé. Ce montant joue un rôle important sur la crédibilité de la société, sa capacité à se financer et la protection juridique des associés, autant d’aspects à bien anticiper dès la création. Cet article détaille les points indispensables à connaître pour bien fixer ce capital.

CAPITAL SOCIAL : QU’EST CE QUE C’EST ET À QUOI ÇA SERT ?

Avant de fixer le montant du capital social, il est important de comprendre ce que c’est vraiment et quel rôle il joue dans une société.

Qu’est-ce que le capital social ?

Le capital social correspond à l’ensemble des ressources que les associés apportent initialement dans la société pour la lancer. Il reflète leur engagement et sert de base pour répartir les pouvoirs et les bénéfices entre eux.

Concrètement, il est constitué des apports des associés, qui peuvent être en numéraire (argent) ou en nature, c’est-à-dire des biens matériels (terres, bâtiments, matériel, cheptel). Il est possible également d’apporter des biens immatériels (comme un bail), dont la valeur doit alors être précisément évaluée. 

À noter : les apports en industrie, comme le travail ou les compétences, ne font pas partie du capital social, mais ils peuvent donner droit à des parts sociales selon ce qui est prévu dans les statuts (notamment en SCEA ou GAEC). Pour en savoir plus sur ce type d’apport et ses conséquences, il est conseillé de vous renseigner auprès d’un avocat. 

En échange de ces apports, chacun reçoit des parts sociales qui déterminent :

  • Leur participation au capital (proportion de propriété dans la société),
  • Leur poids dans les décisions collectives (droit de vote en assemblée),
  • Leur part dans les bénéfices et pertes.

Dans la comptabilité, le capital social est inscrit au passif du bilan de l’entreprise : c’est une dette de la société envers ses associés, un engagement financier envers ceux qui l’ont financée. Concrètement, cela signifie que si la société fonctionne bien et qu’elle est revendue, les associés pourront récupérer leur mise de départ. En vendant leurs parts sociales, ils cèdent leur part de propriété dans la société. La valeur de ces parts dépendra alors de la situation financière de l’entreprise au moment de la vente.

Bon à savoir : dans certaines formes de sociétés, notamment l’EARL, si les apports en nature dépassent 30 000 € ou la moitié du capital social, un commissaire aux apports doit être nommé pour évaluer leur valeur.‍

À quoi sert le capital social ? 

Le capital social joue un rôle central dans la vie d’une société. Il remplit plusieurs fonctions clés :

  • Financer le démarrage : il fournit les premiers fonds nécessaires pour acheter du matériel, des semences, réaliser des travaux et couvrir les premières dépenses.

  • Rassurer les partenaires : il montre que les associés sont engagés dans le projet et donne une sécurité minimale aux banques, fournisseurs ou investisseurs, ce qui facilite leur confiance. Pour une banque notamment, le capital social constitue une forme de garantie : c’est une somme « bloquée » dans la société, que les associés ne peuvent pas retirer librement. Cela démontre que la société dispose de fonds propres pour faire face aux premières dépenses ou à d’éventuelles difficultés. Plus ce capital est crédible, plus la banque est rassurée sur la capacité de remboursement, ce qui peut éviter d’imposer des garanties personnelles aux associés (comme une hypothèque ou une caution).

  • Organiser la répartition interne : il sert à calculer les droits de vote lors des réunions et la part des bénéfices que chaque associé recevra, en fonction de ce qu’il a apporté.

  • Définir la responsabilité des associés : celle-ci dépend de la forme juridique de la société.


    • En EARL et en GFA, la responsabilité des associés est limitée au montant de leurs apports. Ce qui signifie qu’un associé ne peut pas perdre plus que ce qu'il a apporté au capital social : ses biens personnels ne peuvent pas être saisis pour rembourser les dettes.

    • Pour le GAEC, la responsabilité est aussi limitée aux apports, mais elle ne peut pas dépasser le double de la part détenue dans le capital. Cela signifie que l’associé peut être appelé à payer plus que ce qu’il a apporté mais dans une limite fixée par la loi. 

Exemple : un associé qui détient 15 000€ de parts sociales peut être tenu de rembourser jusqu’à 30 000€ de dettes si la société ne peut pas les payer elle-même.

  • Dans une SCEA, les associés peuvent devoir utiliser une partie de leurs biens personnels pour payer les dettes de la société, selon leur part dans le capital. Il n’y a pas de limitation stricte de responsabilité, les associés peuvent être tenus personnellement responsables des dettes de la société. 

Exemple : un associé qui détient 50% du capital d’une SCEA pourra être poursuivi personnellement pour 50% des dettes si la société ne peut pas les rembourser.

QUEL CAPITAL MINIMUM PRÉVOIR SELON LA FORME DE LA SOCIÉTÉ AGRICOLE ? 

En France, les principales sociétés agricoles (EARL, SCEA, GAEC, GFA) ont chacune leurs propres règles en matière de capital social. Fixées par la loi, ces règles imposent un montant minimum ou laissent le capital libre, selon la forme juridique choisie :

  • EARL (Exploitation Agricole à Responsabilité Limitée) : capital minimum de 7 500 €. Ce montant assure une certaine solidité financière, surtout pour les exploitations individuelles ou familiales.

  • SCEA (Société Civile d’Exploitation Agricole) : pas de minimum légal, on peut démarrer avec seulement 1 €. Cette souplesse s’explique notamment par le fait que la responsabilité des associés y est illimitée : la loi ne prévoit donc pas de garantie minimale via le capital social.

  • GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun) : capital minimum de 1 500 €, ce qui facilite la mise en commun des ressources entre agriculteurs.

  • GFA (Groupement Foncier Agricole) : capital libre, à définir selon les besoins du projet.

Il n’y a pas de plafond légal pour le capital. Ce montant doit être précisé dans les statuts et peut être fixe ou variable.

Ces règles donnent un cadre de base, mais il est important de réfléchir si le capital choisi correspond bien aux objectifs et besoins de l’exploitation.

Bon à savoir : Le capital variable permet d’ajuster le capital sans formalités lourdes, mais cette option doit être clairement prévue dans les statuts.

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PETIT CAPITAL OU CAPITAL IMPORTANT : QUELLES CONSÉQUENCES ?

Le montant du capital social ne se résume pas à une formalité lors de la création d’une société. Il influence directement la crédibilité du projet, l’accès au financement, la gestion des risques et même les relations entre associés.

Voici les principaux effets d’un capital faible ou élevé, pour vous aider à faire un choix éclairé.

Choisir un capital réduit : facilité de création mais vigilance à long terme

Avantages :

  • Moins d’effort financier au départ : Idéal si les associés disposent de moyens limités pour lancer l’activité.
  • Adapté aux projets légers : Convient aux exploitations nécessitant peu de matériel ou d’investissements (ex. services agricoles, maraîchage avec petit outillage).

Inconvénients :

  • Crédibilité réduite auprès des banques : Un capital faible peut freiner l’accès au crédit ou aux subventions, certains financeurs y voyant un projet fragile.

  • Peu d’autofinancement : La capacité à investir (achat de terres, renouvellement du matériel, imprévus climatiques) reste limitée. ​​Il est toutefois possible de compenser ce manque par des apports en compte courant d’associé : ce sont des prêts que les associés font à la société, pour renforcer sa trésorerie, sans augmenter le capital social.

  • Trésorerie fragile : En cas de pertes, la société peut vite manquer de liquidités et dépendre fortement de l’endettement. La situation peut être moins difficile si les associés ont versé de l’argent en compte courant d’associé : ces avances peuvent servir de réserve en cas de besoin.

  • Risque d’augmentation rapide : Un capital trop bas oblige souvent à augmenter les apports dès les premières années, générant des démarches et frais supplémentaires.

Ce choix est pertinent pour un projet modeste ou à faible investissement, mais il est conseillé de prévoir un ajustement rapide si l’activité se développe.

Miser sur un capital plus élevé : solidité financière mais effort initial important 

Avantages :

  • Confiance des financeurs : Facilite l’accès aux prêts bancaires, subventions et aides PAC grâce à une image financière plus solide.

  • Meilleure résistance aux imprévus : Permet d’absorber une mauvaise récolte, une hausse des coûts ou un délai avant les premiers revenus sans avoir recours au crédit.

  • Investissements ambitieux possibles : Offre une base solide pour acquérir du matériel, des bâtiments ou des terres dès le lancement.

Inconvénients :

  • Apport plus difficile à réunir : Plus le capital est élevé, plus les associés doivent mettre d’argent ou de biens dès le départ. Cela peut être compliqué pour certains et retarder la création de la société.

  • Risque d’inégalités entre associés : Si l’un apporte beaucoup plus que les autres, il aura plus de poids dans les décisions et touchera une plus grosse part des bénéfices. Cela peut créer des tensions dans l’équipe d’associés.

  • Argent « bloqué » dans la société : Les sommes ou biens mis dans le capital ne sont plus disponibles pour d’autres besoins personnels ou projets. Une partie des ressources est donc immobilisée et ne peut pas être utilisée ailleurs.

  • Rentabilité qui paraît plus faible : Un capital trop élevé par rapport aux besoins réels peut donner l’impression que l’entreprise dégage peu de bénéfices en comparaison de l’argent investi. Cela peut refroidir certains partenaires ou financeurs.

Un capital important apporte solidité et crédibilité, mais il doit rester proportionné aux besoins du projet et équilibré entre associés.

Capital variable : souplesse supplémentaire en cas d’évolution

Opter pour un capital variable est souvent judicieux en agriculture, où les besoins peuvent évoluer rapidement (extension de parcelles, arrivée d’un nouvel associé, acquisition de matériel…).

Concrètement, les statuts fixent un plancher et un plafond de capital. Tant qu’on reste dans cette fourchette, chaque entrée ou sortie d’apport se fait sans modifier les statuts : pas d’assemblée générale extraordinaire, pas de passage chez le notaire (sauf si l’apport concerne un bien foncier comme une terre ou un bâtiment agricole), pas de frais de greffe. Les seules formalités sont des déclarations allégées au greffe.

À noter : Certains partenaires financiers peuvent être plus rassurés par un capital fixe, mais la plupart acceptent très bien la souplesse offerte par le régime variable, dès lors que la solidité du projet et les garanties sont bien présentées.

POINTS À AVOIR EN TÊTE POUR BIEN CHOISIR LE MONTANT DU CAPITAL SOCIAL

Le choix du capital ne se fait pas au hasard. Plusieurs paramètres doivent être soigneusement évalués pour éviter un montant inadapté qui pourrait fragiliser la société ou créer des tensions entre associés.

  1. Listez vos besoins réels dès le départ

Le capital doit couvrir les premiers investissements (achat de matériel, aménagements, semences, cheptel…) et les charges de démarrage (assurances, salaires, charges sociales, carburant…). Il doit aussi prévoir une trésorerie minimale pour faire face aux premiers mois sans revenus. Un capital sous-évalué oblige souvent à emprunter dès le départ ou à augmenter le capital plus tard, ce qui engendre des démarches lourdes et coûteuses.

  1. Tenir compte des financements externes

Un capital proportionné à l’ampleur du projet est vu comme un gage de sérieux par les banques, les partenaires et les organismes d’aide (subventions PAC, etc.). Plus il est cohérent, plus il facilite l’obtention de financements externes.

Exemple : une demande de prêt de 100 000 € sera mieux accueillie si le capital est proportionné à l’ampleur du projet (ex : 20 000 €) plutôt que symbolique (ex : 500 €).

  1. Anticiper la répartition entre associés

Dans une société, le poids dans les décisions et la part des bénéfices sont proportionnels à l’apport de chaque associé.

Un déséquilibre dans les apports peut entraîner des différences de pouvoir dans la prise de décision et dans la répartition des bénéfices. Fixer des règles claires dès le départ évite bien des conflits.

  1. Prévoir une marge pour les imprévus

Un capital trop juste rend la société vulnérable aux aléas (mauvaise récolte, panne d’un matériel coûteux, retard d’une subvention). La société peut rapidement manquer de trésorerie, forçant les associés à réinjecter des fonds en urgence, à contracter un crédit ou à lancer une augmentation de capital, avec des frais administratifs supplémentaires.

Mieux vaut prévoir une réserve initiale que de se retrouver dépendant d’un financement extérieur dès la première difficulté.

  1. Se faire accompagner

Un avocat, un expert-comptable ou un juriste spécialisé peut aider à fixer un montant adapté à la taille du projet, à son plan de financement et aux objectifs à moyen terme. L’appui d’un professionnel peut faire gagner du temps et éviter des erreurs coûteuses.

POUR RÉSUMER

  • Le capital social est la mise de départ apportée par les associés pour lancer la société agricole, financer ses premiers besoins et fixer les droits de chacun.
  • Les minima légaux varient selon la forme choisie : 7 500 € pour une EARL, 1 500 € pour un GAEC, aucun minimum imposé pour une SCEA ou un GFA.
  • Un petit capital facilite la création et limite l’effort financier initial, mais peut fragiliser la crédibilité du projet et restreindre l’accès aux financements.
  • Un capital plus élevé renforce l’image de solidité, facilite l’autofinancement et l’obtention de prêts, mais demande un apport plus important et immobilise des ressources.
  • En résumé, choisissez un capital qui reflète fidèlement vos besoins financiers et la capacité d’investissement des associés, tout en garantissant une marge de sécurité pour le développement et les imprévus.

QUESTIONS/RÉPONSES

Peut-on créer une société agricole sans verser tout le capital tout de suite ?

Oui. La loi permet de ne verser qu’une partie du capital au moment de la création. En pratique, au moins la moitié des apports en argent doit être déposée sur un compte bloqué (chez un notaire, à la banque ou à la Caisse des dépôts). Le reste peut être versé dans un délai de cinq ans maximum. Cela allège l’effort financier de départ tout en donnant une garantie minimale aux partenaires de la société.

Que se passe-t-il si un associé ne verse pas son apport ?

Un apport non versé fragilise la trésorerie et peut bloquer certains projets. La société peut alors rappeler l’associé à son engagement, lui appliquer des pénalités ou, dans les cas extrêmes, l’exclure. Tant que la somme n’est pas intégralement libérée, certains droits, comme la part complète des bénéfices, peuvent être suspendus.

Qui évalue les biens apportés à la société (terre, matériel, bâtiment) ?

En principe, ce sont les associés qui estiment la valeur des biens apportés.

Dans certaines sociétés comme l’EARL, un commissaire aux apports doit obligatoirement intervenir si un apport en nature dépasse 30 000 € ou la moitié du capital social. Dans les autres formes (SCEA, GAEC, GFA), l’intervention d’un commissaire reste facultative mais peut être recommandée pour éviter les contestations ou prouver la valeur des apports en cas de contrôle fiscal.

Un capital social élevé protège-t-il mieux les associés en cas de dettes ?

Pas directement. La protection des biens personnels dépend avant tout de la forme juridique de la société : certaines limitent la responsabilité des associés à leurs apports, d’autres non. En revanche, un capital plus élevé donne à la société davantage de ressources propres pour faire face à ses dettes. Cela réduit le risque de défaut de paiement et donc la probabilité que les associés soient sollicités pour combler un manque, lorsque leur responsabilité peut être engagée.

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